Michel Aflak |
Le Socialisme
Si l'on m'interrogeait sur ma prédilection pour le socialisme, je répondrais que ce que j'en attends, ce n'est pas l'augmentation de la richesse des usines, mais l'augmentation de la richesse de la vie. Mon souci est moins que les hommes soient égaux matériellement que de permettre à chaque individu d'exprimer ses dons et ses qualités en puissance.
Ecrasé de misère, le travailleur ne verra peut-être dans le socialisme que la promesse d'obtenir ce dont il est privé. Pour ma part, je le considère comme l'acte de donner, généreusement et sans cesse. Donner le socialisme, c'est rendre au centuple ce que la vie nous a offert.
"La richesse de la vie - 1936".
Celui qui considère le socialisme comme une religion de la pitié se trompe lourdement. Nous ne sommes pas des prêtres nous réfugiant dans la miséricorde pour apaiser notre conscience troublée par le spectacle de la misère et de la souffrance et nous endormir en paix. Quand nous prenons la défense des classes opprimées, nous ne songeons pas à leur faire l'aumône, nous réclamons leurs droits. Si nous nous préoccupons de soulager la misère, c'est pour augmenter la richesse de la vie.
"La richesse de la vie - 1936".
Je pense, en fait, que cette classe à laquelle incomba, pendant une certaine période, la tâche de représenter le pays, est très éloignée de l'esprit de la nation, de ses besoins, de ses demandes, parce qu'elle est une classe usée, trop âgée, dont la vitalité s'est épuisée, dont les liens avec l'esprit national se sont relâchés. Elle est devenue l'esclave d'intérêts économiques et de traditions sociales au point de ne plus pouvoir discerner les qualités spécifiques du peuple arabe à ce stade de son développement historique. En conséquence, elle n'entra qu'à contre-coeur dans la lutte nationale, tout en rêvant de stabilité et en aspirant au repos. Que de fois, au cours de cette courte période de la bataille nationale, cette classe ne s'est-elle pas menti à elle-même, se persuadant que la pièce était jouée, la mission accomplie et qu'il ne restait plus qu'à cueillir les fruits de la victoire et empocher son salaire.
Mais le peuple, poussé par son intense vitalité et par le réveil de son instinct, se soulevait encore, avertissant régulièrement cette classe du caractère trompeur de ses illusions et lui rappelant avec véhémence que le combat n'était pas encore achevé.
"La nouvelle forme du patriotisme. "Al-Ba'th" - 17 Juillet 1946.
En dépit des contradictions et des équivoques, le peuple réalise parfaitement que la présence des étrangers dans le passé ne constituait pas un obstacle suffisant pour empêcher ses dirigeants d'opérer certaines réformes dans des limites raisonnables, et que ce n'est pas parce que les étrangers ont évacué le territoire que cette classe pourra réaliser ces réformes. Le fond du problème tient à la nature même de ces dirigeants, à leur mentalité étroite et à leur situation sociale corrompue. Si l'étranger était en mesure de s'opposer à quelque chose, c'était bien à l'apparition de dirigeants convenables. A contrario, l'évacuation des étrangers permit au peuple de reconnaître les dirigeants valables, de les suivre consciemment, de les soutenir avec foi et de se débarrasser définitivement des charlatans et des exploiteurs.
"Notre cause est encore celle de la libération nationale. "Al-Ba'th" - 19 Août 1946".
Bien que les problèmes économiques et sociaux tiennent une place très grande dans notre vie, nous estimons qu'ils doivent être subordonnés à une question d'une importance et d'une profondeur plus grandes encore; nous estimons que ces problèmes économiques ne peuvent être résolus de manière satisfaisante que dans la mesure où nous les considérerons comme faisant partie et étant la conséquence nécessaire du problème national.
"Caractéristiques du nationalisme arabe - 1946".
Le socialisme en Occident devait s'opposer non seulement au capitalisme, mais encore au nationalisme qui protégeait ce dernier, et à la religion qui le défendait, en bref à toutes les idéologies poussant au conservatisme et à la défense du passé. Parce que le capitalisme exploitait le passé pour défendre ses intérêts, le passé se trouvait opposé au socialisme.
"Caractéristiques du nationalisme arabe - 1946".
Nous estimons que toute intervention sur l'augmentation du coût de la vie qui ne s'attaque pas aux vraies causes du mal est une mesure superficielle vouée à l'échec. Le problème du coût de la vie dans notre pays a des causes profondes liées à un système socio-économique corrompu. Il faut le mettre en corrélation avec l'existence d'une classe de profiteurs et d'exploiteurs responsables des souffrances du peuple. Il est le résultat d'un système économique individualiste et égoïste à qui manque le contrôle qu'exercerait un État conscient et strict représentant pleinement le peuple.
Le problème du coût de la vie ne sera résolu qu'à la lumière des principes socialistes que soutient ardemment notre parti. Il ne pourra être résolu que par la nationalisation des sociétés étrangères, qui deviendront ainsi propriété de l'État. Ainsi le peuple sera-t-il soustrait à l'exploitation qu'il subit dans ses besoins vitaux, tels que l'eau, l'électricité et les transports. Il ne sera résolu que par la distribution des terres devenues propriétés d'État entre les petits fermiers. Ceux-ci seront ainsi libérés de l'influence des féodaux qui sucent leur sang et exploitent leurs efforts tout en les maintenant dans un état d'indigence, les laissant nus et affamés, alors qu'ils s'acharnent au travail sous la canicule de l'été ou pendant les journées glacées de l'hiver. Le problème ne sera résolu qu'en obligeant les grands féodaux et les capitalistes à donner leur dû à ceux qui travaillent, en limitant l'oppression créée par la grande propriété et le capitalisme et en accordant aux paysans et aux ouvriers ce qui est leur droit naturel: une vie digne et humaine.
"Notre position à l'égard du gouvernement actuel. "Al-Ba'th" - 27 Janvier 1947".
La classe dirigeante dans la nation arabe, par ses structures mêmes, son éducation et ses intérêts, est incapable, sinon opposée à la réalisation de la libération nationale complète et l'unité entre les divers fragments de la patrie arabe; et cela parce qu'elle est incapable de réaliser l'unité des coeurs arabes.
"Pour la nation arabe, une action populaire unifiée. "Al-Ba'th - 27 Janvier 1947".
A ce stade, la tragédie des Arabes est que la classe qui s'est imposée à eux, mène une vie qui va à l'encontre de leurs aspirations, car elle est corrompue par le luxe, l'exploitation et l'oppression qu'elle fait subir. La psychologie des exploiteurs et des oppresseurs est toujours sénile et exténuée. C'est pourquoi, dès que cette classe observe la moindre manifestation en faveur du progrès, elle déclare au peuple et à la nation tout entière: "vous ne pouvez pas plus loin!".
"Le parti du bouleversement - Février 1949".
L'intérêt national, la survie de la nation, de même que sa capacité à atteindre les progrès des pays développés et à soutenir fermement la concurrence entre les nations, tout cela dépend de la réalisation du socialisme, qui permettra à chaque Arabe, sans distinction et sans restriction, de devenir une réalité tangible et non une sorte de fantôme.
"Le socialisme assurera la survie de la nation arabe et son progrès. "Al-Ba'th" -7 Octobre 1950".
En fait, progressisme signifie simplement la remise en marche de la nation, telle qu'elle existait avant de connaître la décadence, dans le cours ascendant de son histoire. La libération que nous réclamons n'est rien d'autre que la libération du poids des chaînes et des scories qui se sont accumulées pendant la longue période où sa marche s'est interrompue et où elle a cessé d'être en contact avec ses sources authentiques.
"Le progressisme nous remet en contact avec le passé. "Al-Ba'th" - 7 Octobre 1950".
Nous représentons la liberté, le socialisme et l'unité. Là est l'intérêt de la nation arabe, et par nation arabe je veux désigner le plus grand nombre et non pas cette minorité qui, par sa défiguration et ses déviations, a trahi son identité, minorité esclave de son égoïsme et de ses intérêts de classe et qui ne fait plus partie de la nation.
"Le Ba'th incarne la volonté de survivre - Avril 1950".
Nous ne nous laissons pas tromper par les apparences, nous savons que, derrière chaque opinion, se dissimulent à la fois des facteurs psychologiques et moraux et des facteurs commandés par l'intérêt. Dans la plupart des cas, les contradictions qui apparaissent entre les autres et nous-mêmes ne se situent pas au niveau intellectuel; ce sont des conflits causés par l'intérêt ou le détachement à l'égard des biens matériels et des intérêts privés. Ceux qui estiment que la nation arabe n'a pas atteint la maturité nécessaire pour inscrire ses revendications dans une formule rationnelle, comme l'ont fait les autres nations au cours de leur histoire, lorsqu'elles apportaient au monde un message important, ceux qui affirment que la nation arabe n'est pas encore majeure, n'expriment pas leur opinion sur la nation, mais seulement leur propre égoïsme.
"Le mouvement idéologique global - 1950".
L'accomplissement du socialisme dans notre vie est la condition fondamentale pour que notre nation puisse survivre et pour que son progrès devienne possible. Si nous ne diffusons pas le socialisme, si nous ne nous efforçons pas d'instaurer la justice sociale pour tous les hommes, si le peuple arabe, enfin, ne se transforme pas en peuple productif, développant à l'extrême toutes ses possibilités, si tous ces points ne se traduisent pas dans les faits, alors tout débat sur la liberté des Arabes et sur leur indépendance ne serait que verbalisme et fourvoiement ne menant nulle part.
"Les travailleurs et le socialisme - 1950".
Cette unité, qui fait partie intégrante de notre cause, et cette union nationaliste qui élève nos problèmes à un niveau à la fois plus élevé et plus vrai que le seul niveau économique, ne doivent pas nous faire perdre de vue que la question sociale reste au coeur de nos problèmes et que si, sous prétexte de nationalisme, nous cédions ou faisions preuve de pusillanimité à l'égard de la classe des exploiteurs et des réactionnaires, nous priverions notre combat de toute efficacité.
"Notre point de vue en ce qui concerne le capitalisme et la lutte des classes -1956".
Dès le début, et de manière irrévocable, nous avons rejeté le point de vue capitaliste. En d'autres termes, nous avons rejeté toute conception qui privilégierait les choses matérielles aux dépens de l'homme, car l'homme est la valeur suprême pour notre parti, alors que pour le capitalisme c'est exactement le contraire. Le capitalisme n'est pas une philosophie mais une soumission au réel. Il représente la capitulation de l'homme devant les produits matériels, son repli devant les produits qu'il a créés.
"Notre point de vue en ce qui concerne le capitalisme et la lutte des classes - 1956".
Les ennemis du peuple ne sont pas seulement les capitalistes et les féodaux, mais aussi les politiciens qui s'emploient à maintenir le morcellement, car il sert leurs intérêts personnels. Il faut ajouter tous ceux qui se font, à quelque titre que ce soit, les complices de l'impérialisme, tous ceux qui s'opposent à la pensée, la science, le progrès, l'ouverture et la tolérance, c'est-à-dire tous ceux qui résistent à la libération de notre nation ou l'entravent. Pour nous, tous ceux-là, nous les mettons d'un côté, et le peuple arabe de l'autre.
"Notre point de vue en ce qui concerne le capitalisme et la lutte des classes - 1956".
Les raisonnements intellectuels ne sont pas toujours de nature intellectuelle. Dans beaucoup de cas, ils ne font que dissimuler des intérêts et des objectifs personnels.
"L'unité arabe et le socialisme, - Février 1956".
S'il est dans la patrie arabe un groupe qui soit prêt, avant tout autre à se libérer des intérêts particuliers et des séquelles du passé, prêt à incorporer l'unité de la cause arabe à son mode de pensée et à sa lutte, c'est précisément celui des travailleurs arabes et des masses laborieuses en général, parce que ces masses, à travers leurs souffrances et leur expérience vivante de chaque jour, ont appris que leurs propres ennemis sont les ennemis de la nation arabe et en ont pris une claire conscience.
"Le rôle des travailleurs dans la réalisation de l'unité et du socialisme - Mars 1956".
Depuis plus d'un an, la politique des dirigeants syriens exprime une contradiction. Elle révèle la contradiction des conditions sociales et nationalistes dans ce pays. En fait -et les réactionnaires l'ont reconnu et proclamé à maintes reprises- depuis un an, les gouvernements sont devenus réactionnaires, tant sur le plan des personnes que sur celui des partis et des intérêts en jeu. Mais ces gouvernements poursuivent la politique progressiste dans le domaine de la politique arabe et étrangère.
La prise de conscience de ce fait devrait suffire pour mettre en garde les progressistes, éveiller leur méfiance et les inciter à tout faire pour délivrer le pays de cette contradiction. Pour cela, il faut se garder de séparer la lutte pour la libération et pour l'unification, de celle pour la libération économique et politique du peuple de l'exploitation réactionnaire et de l'oppression intérieure. Si les succès relatifs que nous avons obtenus dans le domaine de la politique arabe et étrangère a pu provoquer un certain regain d'enthousiasme de la part du peuple et provoquer le recul de la classe réactionnaire, c'est l'intensification du combat pour frapper cette classe dans ses intérêts matériels qui créera la base réaliste de notre nouvelle politique arabe et étrangère, qui nous garantira le progrès et nous mettra à l'abri de la rechute et des conspirations.
"Le jeu de la réaction et la vigilance du peuple. "Al-Ba'th" - 15 Juin 1956".
Une politique d'une si grave importance ne saurait être improvisée et elle ne peut se laisser influencer par les sentiments: notre devoir, le jour où les réactionnaires reculent et inventent de nouveaux modes d'action, est de percer à jour les motifs qui ont amené cette retraite et ces démarches trompeuses, et de toujours chercher le rapport qui existe entre leur attitude dans le passé et celle qu'ils adoptent actuellement, sans perdre de vue que s'il leur arrive de reculer d'un pas, c'est pour se préparer à faire deux pas en avant, ou pour éviter d'être contraints de reculer beaucoup plus loin.
"Le jeu de la réaction et la vigilance du peuple - 15 Juin 1956".
Dès le moment où la cause de la libération nationale et celle de l'unité ont été confiées aux masses du peuple arabe et où ces masses ont uni les exigences de liberté et d'unité aux exigences de la lutte quotidienne pour le pain et un niveau de vie acceptable, dès ce moment nous avons atteint le stade des réalisations, nous sommes devenus capables de remporter des victoires sur l'impérialisme. L'unité a quitté le domaine des fantasmes. Tout cela parce que nous avons confié ces objectifs à ceux qui en sont les vrais propriétaires: la classe laborieuse.
"La classe des travailleurs est à l'avant-garde de la lutte arabe - 1960".
La cause nationale constitue un tout indivisible. Elle englobe la vie matérielle aussi bien que spirituelle du peuple. Elle intègre ses justes revendications sociales, mais aussi ses droits légitimes et ses aspirations nationales. La cause nationale, c'est à la fois son pain, sa prospérité et l'indépendance et la souveraineté de sa patrie. C'est enfin, l'unité de la patrie après le démembrement dont elle fut la victime.
"La classe laborieuse est à l'avant-garde de la lutte arabe - 1960".
L'unité est avant tout, la revendication des travailleurs. Et la lutte des travailleurs tend à l'unité sur une échelle internationale. Comment alors, ne pas inscrire d'abord cette revendication au niveau national?
Cette idée d'unité arabe cessera d'être l'alibi des réactionnaires et des suspects dès l'instant où elle deviendra celle des masses populaires et des déshérités.
"La classe laborieuse est à l'avant-garde de la lutte des classes - 1960".
Alors apparut le premier trait de lumière, un trait de salut. Il nous apparut que le salut ne pouvait venir que du peuple, l'écrasante majorité de notre peuple, la majorité laborieuse opprimée et exploitée, et cela non point seulement parce qu'elle est la majorité, mais aussi parce qu'elle a souffert de l'injustice, de l'exploitation, des privations de liberté, et qu'elle a été blessée dans sa dignité, au point de vue humain et national. Ainsi, son mode d'existence, ses conditions et sa force lui ont-ils permis d'être à l'avant-garde de la nation combattante dont elle offre le vrai visage.
"La classe laborieuse est à l'avant-garde de la lutte arabe -1960".
Le marxisme est une théorie socialiste. C'est la première et la plus importante théorie scientifique... et nous ne devons pas l'examiner avec fanatisme. Nous devons l'aborder avec objectivité et ouverture d'esprit et, lorsque nous ne sommes pas d'accord, nous devons présenter nos arguments en opposant des évidences à ses évidences, des preuves à ses preuves et non pas en brandissant des préjugés. Nous devons être en mesure de reconnaître le mal là où il se trouve... Notre position envers le marxisme et le communisme n'est plus négative. Pas plus que nous ne voulions les imiter autrefois, nous ne voulons les copier aujourd'hui, mais nous devons leur prendre tout ce qui peut être utile à notre combat socialiste.
"Discours aux sections du parti dans les campagnes syriennes, - 18 Janvier 1966".
Etre de gauche ne signifie pas être partisan de l'extrémisme, de la démagogie et des exagérations. Il ne s'agit pas de calomnier les autres. Etre de gauche est une position pratique qui résulte d'une analyse réaliste qui ne laisse pas le sentiment aller au gré des désirs, des ambitions et des influences momentanées, mais qui se soumet à l'esprit scientifique, à l'objectivité au détachement et à l'honnêteté.
"Discours aux sections du parti dans les campagnes syriennes - 18 Janvier 1966".
Notre parti a des caractéristiques particulières. Le parti communiste s'appuie sur des théories écrites et rassemblées depuis des décennies. On a écrit des livres et des études au sujet de cette théorie avant même que le parti ne soit fondé, tandis que le parti Ba'th est entré dans la bataille le premier jour de son existence. La génération qui l'a fondé était déjà impliquée dans la lutte. Ce n'est pas comme membres du parti qu'ils ont commencé leur combat, mais, au contraire, chaque individu qui participa à la création pouvait déjà faire état d'un combat. Le parti ne s'est pas fondé sur des textes, mais sur des forces ayant tiré leur expérience de la lutte. Au cours de la lutte, ce pouvoir a peu à peu pris conscience de son oeuvre et, au cours du processus, défini sa théorie. C'est ainsi que commença le Ba'th.
"Discours aux sections du parti dans les campagnes syriennes - 18 Janvier 1966".
Depuis les temps les plus anciens, ils ont construit notre nation avec leur sueur, leurs efforts, leurs sacrifices et leur héroïsme. Ils sont la majorité laborieuse de notre peuple, bâtissant notre présent et notre avenir. Ce rôle déterminant des masses laborieuses, des travailleurs, n'était pas reconnu dans le passé. C'est la raison pour laquelle notre patrie était assoupie, plongée dans l'arriération, et vulnérable. Elle était sous la botte du colonialisme sous l'occupation, soumise aux formes les plus odieuses de l'exploitation et de l'oppression. La faute en revenait au fait que le rôle des travailleurs n'avait pas encore été reconnu avec justesse. La vérité n'avait pas encore été rendue publique avec clarté et franchise. Telle fut l'époque de l'arriération.
"Le rôle de la classe laborieuse dans l'édification de la Révolution arabe -Novembre 1969".
En raison de sa position sociale, de sa conscience révolutionnaire et socialiste, la classe des travailleurs peut mieux que toute autre saisir les besoins crées par les circonstances nouvelles et réaliser que nous approchons d'une période âpre et difficile. Les années à venir montreront si nous avons la force de survivre, et elles serviront de test à la nation arabe quant à sa capacité de survie. Saura-t-elle défendre son existence par les armes et par l'intelligence, engager un combat constructif en rejetant tous les types et toutes les formes d'arriération, pour parvenir enfin et entrer de plein-pied dans le monde de la lumière et de la civilisation, de la vie organisée, de la vie créative qui libérera les dons de l'homme au lieu de tuer les forces qui existent en lui, qui libérera tout ce qui le pousse vers le bien et la créativité?
"Le rôle de la classe laborieuse dans l'édification de la Révolution arabe -Novembre 1969".
La maladie fondamentale qui empêcha la Révolution arabe de produire tous ses fruits et d'atteindre tous ses objectifs, la raison essentielle de ces carences réside dans une appréciation insuffisante des qualités du peuple, du rôle de la classe laborieuse, des travailleurs. Là est le noeud du drame et nous devons faire toute la clarté sur ce point afin qu'y remédiant, nous puissions reprendre la route et relancer notre Révolution rénovée et rectifiée à travers la patrie Arabe tout entière.
"Le rôle de la classe laborieuse dans l'édification de la Révolution arabe -Novembre 1969".
Nous faisons partie de la classe laborieuse. Les vrais socialistes se considèrent tous comme faisant partie de la classe laborieuse. Un régime socialiste véritable est un régime dirigé par la classe ouvrière, se fixant comme tâche de donner et de créer pour la vie de la nation et dans le combat avec le destin, plutôt que de s'arrêter aux erreurs qui ont pu être commises dans la pratique ou de s'attacher aux détails de l'action. Voilà la largeur de vue que nous exigeons de la révolution, de la révolution arabe tout entière, dans chaque région arabe, car cette révolution, dans le passé s'est arrêtée à mi-chemin.
"Le rôle de la classe laborieuse dans l'édification de la Révolution arabe -Novembre 1969".
Pour que le socialisme puisse prendre sa vraie signification et toute son ampleur, pour qu'il puisse être au service de la nation, encore faut-il que la nation survive, que la patrie arabe soit sauvée. Nous devons sauver notre terre et la protéger. Nous devons récupérer notre sol pillé et tenir tête aux complots impérialistes et sionistes. Comme vous le savez, c'est l'honneur de notre parti de ne se contenter jamais de demi vérités. Il n'a jamais adopté des positions vagues. Dès ses origines, dès ses débuts, ses positions étaient encrées dans le réel, parce qu'il avait su associer les espoirs des masses populaires pour une vie juste et digne et les rapports qu'entretenaient ces masses avec leur terre, leur patrie, leur patrimoine, leur histoire, l'indépendance et la réunification de cette nation qui perdit son unité. La tâche de la classe laborieuse est de construire d'une main et de se battre de l'autre, ou, si nécessaire, de se battre des deux mains, remettant tout le reste à plus tard parce que le sauvetage de la patrie face à l'agression et aux menaces impérialistes constitue une tâche plus urgente que toutes les autres.
"La classe laborieuse est l'espoir en l'avenir - 28 Mai 1969".
On peut dire de la classe paysanne de notre pays, camarades, qu'elle a supporté le fardeau de siècles d'arriération et que, cependant, par sa manière de vivre, son comportement, son éthique, sa façon d'envisager les choses, ses liens patriotiques et humains, elle nous transmet l'essence de notre civilisation. Le sous-développement n'empêche nullement un profond enracinement dans la civilisation. Notre peuple a de profondes racines et notre classe paysanne arabe tout particulièrement. C'est le devoir du parti et de ses militants, lorsqu'ils travaillent et coopèrent avec le monde rural, de rechercher et découvrir au fil des jours ces traits culturels arabes qu'expriment les paysans et qui se révèlent dans leur comportement sans qu'ils aient eu besoin de les apprendre à l'école.
"Ce pays, résolument, doit porter la responsabilité du destin arabe. Discours du fondateur du Parti dans sa réunion avec les membres du Bureau Central des Travailleurs et ceux du Bureau des Paysans - 21 Juin 1974".
L'industrialisation représente une force productrice considérable, susceptible de nous procurer une défense capable de protéger la souveraineté, la dignité et la liberté. Lorsque je dis que nous attendons avec impatience le jour où nous serons capables de produire des fusils et des canons, ce n'est pas parce que nous aimons la guerre et les destructions, mais parce que nous chérissons la liberté et l'indépendance, et parce que nous savons d'expérience qu'aucune paix ne peut exister si elle n'est protégée par la force.
"Nous devons avoir de grandes ambitions et être des pionniers. Discours de Michel Aflaq adressé aux ouvriers et employés de la Compagnie Générale des Industries Mécaniques d'Alexandrie - 22 Juin 1974".
Dans tous les autres milieux que je fréquente, je vois et je sens certains aspects ou certains liens qui évoquent ce parti et la révolution. Et pourtant je sens qu'il manque encore quelque chose. L'éveil est aussi nécessaire que le combat. Nous devons nous livrer à des explications sur le plan idéologique et nous devons être des guides dans la pratique. Nous ne devons pas relâcher notre vigilance. Tout cela est nécessaire si nous voulons éviter les déviations et si nous voulons que la marche ne soit pas bloquée en cours de route.
Les classes laborieuses dont la classe ouvrière est l'avant-garde constituent un ensemble parfait. Elles remplissent les conditions idéales pour accomplir la révolution arabe. C'est elles qui sont à son origine; elles en constituent le corps, alors que les autres groupes, d'origine différente, n'en sont que les compléments et les auxiliaires. A l'origine, il y a le peuple. C'est lui qui représente le plus grand nombre, avec sa classe laborieuse animée d'un esprit libéré et révolutionnaire, dont la vie incarne les souffrances de notre nation et représente sa volonté et ses aspirations ainsi que sa volonté de libéralisation et sa faculté d'édifier l'avenir arabe auquel nous aspirons tous.
"La classe ouvrière garantit le succès de la révolution et les idéaux du parti. Discours au Siège de la Centrale Syndicale Iraquienne - 22 Juin 1974".